FOURRURES D’ELEVAGE
Jamais à cours d’idées lorsqu’il s’agit d’améliorer rendements et profits, l’industrie s’est inspirée des camps de concentration pour les appliquer aux animaux, gérant les naissances et les mises à mort, afin d’assurer une exploitation continue. En ce qui concerne les animaux à fourrure, l’objectif est de se servir de quelques espèces pour compenser la pénurie en peaux de celles qui sont menacées d’extinction.
Ainsi se sont multipliées les « fermes d’élevage » où des créatures destinées à vivre libres, naissent, végètent et meurent pour satisfaire des besoins vestimentaires, justifiables au temps de l’homme des cavernes mais incompatibles avec l’esprit évolutif qui caractérise une civilisation avancée. Et, pour endormir les consciences, on entoure ces fourrures d’élevage d’une auréole d’innocence illusoire ! Car ce qu’on appelle « ferme d’élevage » n’est généralement qu’une suite de cages, entièrement grillagées, y compris pour le sol, sous un hangar dont seul le toit offre une protection relative contre les températures ambiantes. Placées à hauteur convenable pour faciliter l’enlèvement des excréments qui tombent à travers le grillage, toutes ces cellules abritent un animal qu’on ne prive pas seulement de sa liberté, ce qui, pour tout est être vivant est déjà une source indéniable de souffrances, mais qu’on transforme en robot, en étouffant impitoyablement tous ses besoins innés.
Prenons par exemple le vison, principale victime de la folie meurtrière qu’est devenue la mode. Dans son biotope naturel, cet animal vif semi-aquatique, se nourrit de rongeurs et d’œufs, complète son menu de poissons, crustacés et grenouilles. Enfermé dans une cage étriquée, il est condamné à une immobilité quasi-totale. Son horizon : les rangées de cages de ses codétenus. Son élément liquide : un petit récipient d’eau où il ne peut même pas tremper une patte. Son menu : une mixture monotone de déchets de viande et poisson, avec un supplément de protéines pour rehausser la beauté de son pelage. Or, on ignore généralement que des milliers de tonnes de ces protéines sont importées des pays sous-développés où elles constituent l’aliment de base des populations sous-alimentées ! Même la fécondation est soigneusement programmée. Chez le vison sauvage, l’acte de procréation prend environ une heure. « L’étalon » d’élevage est séparé de la femelle au bout de quinze minutes lorsqu’on estime la fécondation assurée. Car sa seule fonction est de féconder le plus grand nombre de femelles, sans fatigue excessive. Dès que ses performances diminuent, il ne sera plus qu’une « peau comme les autres ».
Toutefois, pour continuer à plaire, la somptueuse fourrure du vison se devait d’arborer des teintes diverses. On les obtient par une série de mutations qui finissent par faire naître des animaux malades et informes. Ainsi, le vison blanc nommé « HEDLUND WHITE » est frappé de surdité totale. Chez les « SHADOW », 20 % des femelles ont des organes sexuels déformés. Des saignements des muqueuses et de l’anémie sont le lot des « AEOUTIENS » et des « SAPHIRS ». Quant aux « ROYAL PASTEL », leur système nerveux perturbé se traduit par une curieuse torsion du cou, appelée « SCREW NECK » suivie d’une série de culbutes violentes lorsqu’ils sont effrayés. Cette maladie préoccupe particulièrement les éleveurs car elle résulte en une fourrure souillée ou abîmée.
C’est en hiver quand la nature protège les animaux en leur donnant un pelage plus dru que sonne l’heure du sacrifice. Il existe diverses méthodes de mise à mort mes les plus courantes sont l’asphyxie et la dislocation des vertèbres. Aux femelles, plus petites et moins robustes, on tord généralement le cou tandis que les mâles sont exposés aux émanations de gaz d’échappement des voitures ou de chloroforme.
Ce dernier moyen pourrait être le moyen le moins cruel si les hommes – et les femmes ! – chargés d’occire un maximum d’animaux dans un minimum de temps avaient reçu une formation scientifique… Car pour produire un effet rapide et définitif, il faut à ce produit un local tempéré et une dose adéquate. Le lieu, habituellement glacial où ces animaux sont tués ne présente pas ces conditions, de sorte que la mort est souvent longue à venir et qu’on est parfois obligé d’achever l’animal en le coiffant d’un bocal contenant du coton imbibé de chloroforme.
Faites le savoir quand on vous argumente que cela ne détruit pas les espèces sauvages.
Qui dit fourrure véritable dit torture animale, systématiquement.
Discours de Edith Peyre, Présidente du Comité Européen Pour la Protection des Animaux section France.